15Bleu-de-Prusse15-

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littérature


A. La fille musique

De grands yeux. Noirs, malicieux. Un regard rieur, auxquels se greffent de longs cils et quelques plis en coin. Une robe pourpre, de velours ou de lin. Un teint blanc, un vrai lys. Un sourire, d'une rougeur d'artifice. Ses lèvres, deux cerises confites. Ses cheveux; courts, noirs. Très noirs, très courts. Toujours.

Cette fille volatile, mystérieuse, intrigante. Cette musicienne, cette pianiste ou guitariste. Cette talentueuse, curieuse, différente.

Le stress, palpable, la salle, fébrile. Un air lent, en dis-synchronie avec le rythme naturel de l'esprit. De la concentration: beaucoup, encore, davantage. Retenir ses doigts qui courent, courent... Un crescendo. Canaliser son enthousiasme, sa passion, son angoisse. Se contrôler.

Une couleur, le rouge; une odeur, ma guitare; un son, celui de mes doigts.

La musique suit, colle, est inhérent à. Où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse. Sur son dos, elle est portée. Sa tête en est imprégnée. C'est comme une comptine à sa légèreté.


16/12/2013
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Abécédaire

Angoisse

 

"Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?" C.Baudelaire

C'est un mal qui s'épanche de mon sang, taillade ma chair; paralyse mes sens et enserre mon cœur; lacère ma raison et l'éparpille en l'air. Comme une mort lente et croissante, une bête sous-jacente, elle guette son heure. Blottie au sein de chauds tissus, tu gèles mon cerveau où gît, comme en un vaste caveau, tout un fouillis de pourritures, d'affres et de maux. J'attends avec effroi le jour, où, d'un trait infini, cette folie effarera un œil déjà presque évanoui.

En ces blafardes saisons, tes pâles ténèbres m'enveloppent d'un linceul vaporeux, et d'un vague tombeau creusent ce sol limoneux. Cette fosse dont la pierre pluvieuse opprime ma poitrine, accueille mes nuits au sommeil haï. Les bouquets aux fleurs fanées émettent leur ultimes râles, et l'air chargé de ce soupir final, traîne éternellement sa ballade dans le souffle du vent. Que ces hivers trempés de brumes endorment la douleur de ces lambeaux; seuls vestiges de mon triste cerveau.

 

 

Thé

 

Une odeur sucrée vint chatouiller mes narines, l'odeur si singulière de la bergamote et de l'orange sanguine. Tes douces vapeurs m'environnent, et emplissent cette salle placide, d'une apaisante chaleur acide. Les effluves ocres, teintés par la soirée, encensent ma chambre telle un lieu sacré et embuent mes yeux d'un sommeil bienheureux.

Au sachet que je déchire, une réminiscence ne peut que m'envahir. A la merveilleuse exhalaison des senteurs, un verger m’apparaît. Le branchage plie sous le poids de grosses gouttes jaunes qu'il supporte.  Une lumière blanche perle sur le feuillage éparse. Quelques rameaux nus s'offrent au soleil qui brûle mes épaules, pareil au thé citronné qui calcine mes lèvres et enflamme la langue aux premières gorgées. L'herbe encore tout humide de la rosée, frissonne à mes pieds. Le soleil me baigne de ses rayons d'argent, et la nature berce ce petit Val abhorré du tourment.

 

 

 Bleu

 

Ce bleu, léger ou profond,

Ciel ou marine,

Deux lointains horizons.

Je m'y aventure, je m'y perds,

Bravant l'inconnu d'un cœur téméraire,

Cet océan dans lequel je me noie,

Un puits de passion,

Sujet de rêves et d'illusions.

 

 

Mystère

 

De ton grand front rêveur,

Ton regard, d'un bleu interdit,

De ton sourire charmeur,

Ne peut survenir qu'une irrépressible envie:

Me plonger dans ce bleu secret,

La noblesse de ces traits,

De tes bras lésés,

A la peau diaphane de tes poignets,

De ces cercles froids qui ne font qu'éviter,

Et de cette ivresse qu'est d'en être transpercée.

 

 

 


07/12/2013
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TEXTE 23: complainte musicale

Cet air de musique que je joue lorsque je suis mélancolique. Je m'assieds en tailleur sur le bord de mon lit, en face de la fenêtre que je laisse ouverte pour pouvoir entendre le vent plier les branches des arbres ou celui de la pluie qui exalte les odeurs du jardin. Ce ciel duquel on ne voit pas crever les nuages d'où pourtant déferle une pluie torrentielle. Cette pluie qui s'écoule à la place des larmes que je ne sais libérer. L'arpège de mes doigts dansant inconsciemment sur les cordes libère cette mélodie, et l'Hallelujah quitte l'acoustique demeure pour la libre nature, se mêlant à la complainte des éléments. Ma guitare traduit alors les maux que mon esprit ne sait mettre en mots, et le console par cette douce ballade, qui l'accompagne dans ses tourments.


03/05/2013
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TEXTE 20: matin d'été

Le long du chemin; de grands arbres; dissimulant parfois le soleil mais protégeant des précipitations. Quelques rayons percent à travers le feuillage et réchauffent la peau. De l'ombre, agréable et une légère brise, fraiche, comme un souffle sur la nuque, agite quelques uns des cheveux qui ont fui le joug de sa pince, puis retombent mollement sur son visage. Ses vêtements flottent dans le vent qui lui parcourt le dos et court le long de sa peau, lui donnant des frissons. Elle marche, et descend cette rue, un matin d'été, dans le bruissement inaudible de ses sandales, elle se mouvait telle un fantôme qui erre, désespérée et invisible aux yeux de tous. Le vent vint caresser sa joue, d'où une larme, discrète, perlait. Je pus ainsi entrevoir son visage, empreint à la tristesse, et ses yeux, humides, qu'elle tentait de cacher en baissant la tête. Elle marchait, suivant ses pensées, cette matinée d'été...

Ses cheveux couleur soleil, sautaient en cadence sur ses épaules. Ses yeux, entre le bleu et le vert, perçants, pénétraient l'être au plus profond de lui même, son regard sondait l'âme avec une vérité acérée. Elle perçait à jour chacun, de son regard mystérieux, duquel on ne pouvait discerner le moindre secret.  Bien que fenêtre ouverte sur les esprits, elle demeurait close envers le sien.

Je ne sais ce qu'elle poursuivait ce matin là, peut-être fuyait-elle le malheur qui l'accablait, ou poursuivait-elle son destin, un but, un rêve ?

De sa prestance s'exhalait une certaine sagesse. Elle avait cet air de tout savoir sans le faire savoir. Son attitude respirait de sérieux, elle semblait emprisonnée entre deux âges. Condamnée à fréquenter les gens du sien, l'âge de son corps, alors que son esprit paraissait plus vieux, usé par cet isolement.

Son regard bien que sûr et froid, en le croisant on y voyait sa beauté et cette faille, cette blessure qu'elle cachait tant bien que mal par un masque de froideur et d'assurance qu'elle n'avait pas.

Il me semble la voir partout, comme une extension de moi même, ou mon reflet..

Je la revis dans le train un soir, seule dans le fond, le regard fixe sur le paysage qui défile, accoudée à la fenêtre, et son reflet, dur, sur la vitre. En pleine réflexion, toujours pensante.

 

 

 


22/04/2013
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club littéraire texte 1

Mon refuge n'a nul besoin d'être vaste ou richement décoré pour me plaire. Il est de taille modeste, reposant et confortable; de couleurs simples, ni froides ni chaudes. Les fenêtres sont ornées d'épais rideaux lorsque je ressens le besoin de me couper du monde, et de plus fins, afin de laisser la lumière inonder la pièce lorsque la légèreté et la joie s'emparent de moi et que mon esprit s'exalte avec euphorie. Ce lieu vit à mon rythme, se nourrit de ma personnalité et vibre de mes émotions: cet intérieur est mien. 

 

J'entends le bruit de l'eau qui frappe les carreaux. Cette humidité imprègne progressivement les murs et les délabre. Le papier se corne, les meubles se patinent. L'encadrement de la fenêtre pourrit, la peinture s'écaille. Des piles de livres poussiéreux jonchent le sol et joignent, en une douce mélopée, des écrits de papier dans une décadence inévitable. Le déclin de cette vieille baraque grince au bruit du plancher qui accompagne en fausset le claquement régulier de la fenêtre. Cette bâtisse a longuement vécu et renferme autant de secrets que les générations qu'elle a vu défiler. Ces tiroirs au bois usé par les années, respirent d'histoires mais ne daignent en révéler. Sur le bureau, une machine à écrire. Sans doute l'endroit, propice à l'imagination, eut été le repère d'un écrivain en quête d'inspiration.
Cette maison, par sa dégradation, semblait être en symbiose avec la nature. Le soleil y entrait à son gré, séchant alors le bois imbibé de pluie qui, il y a peu, ruisselait le long de celui-ci. De multiples rayons perçaient son toit lacunaire, et dansaient sur les décombres à un rythme ternaire. Me tenant au sein de cette cachette, l'impression d'être à l'extérieur m'est soudain venue en tête. Je me laissais ainsi dériver, abandonnée aux vagabondes pensées que ce lieu m'inspirait.


13/04/2013
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